Pen Store Talents 2024 - Åsa Maria Hellman

"Septembre" par Åsa Maria Hellman

Lauréate du Pen Store Talents 2024 !

Parmi plus de 3000 participations au concours de cette année, Åsa Maria a remporté le premier prix. Son utilisation créative et innovante de tous les stylos du kit a donné naissance à une œuvre à la fois techniquement brillante et émotionnellement captivante. Avec une composition magistrale et une profondeur impressionnante, nous sommes entraînés dans l'image et laissés avec des questions qui stimulent l'imagination : Où va cette jeune fille ? Osera-t-elle faire le pas pour entrer dans l'image, ou est-elle sur le point de s'en éloigner ? Dans cette interview avec Åsa Maria, nous avons posé toutes les questions qui éveillent notre curiosité. Quelle était l'inspiration derrière ce motif, et quelle a été sa première réaction lorsqu'elle a reçu les 6 stylos sélectionnés au hasard ?

Bonjour Åsa ! Parlez-nous un peu de vous et comment vous avez découvert le concours.

J'habite à Kristianstad avec ma famille. Enfant et adolescente, je lisais, écrivais et dessinais avec un plaisir spontané. Il n’y avait pas d’intérêt culturel dans ma famille, mais on me laissait tranquille et je me tournais vers tout ce qui était différent. J’ai intégré ma première école d’art à seize ans, suivie par d’autres formations en art et artisanat, ainsi que des études en art, littérature et écriture créative à l’université. Beaucoup disent que la création personnelle passe au second plan lorsqu’on fonde une famille – le quotidien et la fatigue s’interposent. Mais pour moi, cette joie spontanée d’écrire et de dessiner s’est évaporée quelque part entre l’école d’art et l’université.

Cela ne m’a pas beaucoup dérangée, car presque toute ma vie d’adulte, j’ai travaillé dans le domaine de la culture et de la création des autres. Je me suis passionnée pour la culture, l’art et l’art étrange, non pas parce que je pense que ce qui est difficile à comprendre est meilleur, mais parce que j’apprécie ce qui est différent, un peu comme certains sont gourmets. Puis, il y a eu quelques années difficiles. Quand c’était le plus sombre, j’ai recommencé à dessiner et à écrire. Ce n’était pas planifié, il n’y avait aucune intention thérapeutique ou de développement personnel. C’était plutôt comme retrouver un vieux pull et réaliser : « Ah oui, celui-là est super confortable. » Maintenant, si j’ai un moment de libre, je ne veux rien d’autre que mettre le stylo sur le papier. C’est ce que je préfère faire.

Quelle a été votre réaction en découvrant les stylos et comment avez-vous appris à les connaître ?

Tout d’abord, il faut savoir que je suis une passionnée des matériaux et une élève studieuse. Je prends très au sérieux l’expérience tactile du stylo et du papier. Par conséquent, ma réaction était plus proche d’une analyse studieuse que d’une explosion créative. J’ai été ravie de découvrir un marqueur de Talens Pantone et un crayon de couleur Chromaflow de Derwent. Les deux figuraient sur ma liste « à tester ». J’ai été soulagée de voir qu’il y avait un fineliner et agréablement surprise par le nombre de pointes pinceaux. Quatre des six stylos étaient de marques japonaises, mais je m’abstiens d’écrire une dissertation sur les différentes entreprises de stylos japonaises. Je comprends que ce n’est pas le bon forum, mais cela montre à quel point il en faut peu pour me donner envie d’entraîner quelqu’un dans le même terrier de lapin.

En résumé, c’était à peu près les stylos que j’attendais, mais je ne m’attendais pas à ce que la palette de couleurs soit si restreinte. Je pensais qu’il y aurait une couleur contrastante pour accompagner la palette chaude, mais seuls les deux stylos roses contenaient une touche de bleu. Ce n’était pas une déception, mais plutôt un défi qui m’a motivée à explorer ce que je pouvais en faire.

Pouvez-vous nous parler de votre œuvre et de l'idée derrière le motif ?

Le motif s'est imposé de lui-même grâce aux couleurs des stylos. J’ai su immédiatement que je voulais dessiner une image inspirée d’une photo que j’avais prise de ma fille un soir de septembre, il y a quelques années. Plus tôt dans la journée, nous étions allées acheter des chaussures pour l’automne, et elle avait choisi une paire de bottes stylées qui brillaient comme un poney fraîchement brossé sous la lumière du soir. Je pense que l’art – au sens le plus large du terme – naît à la jonction entre le familier et l’inconnu. Je m’inspire souvent de photos, et le véritable plaisir réside dans le processus de dessin, jusqu’à ce que j’ajoute quelque chose qui n’existait pas dans l’image d’origine.

Comment s'est déroulé votre processus créatif ?

Quand j’étais jeune, paresseuse et impatiente, je ne faisais jamais, ou très rarement, des croquis ou des études préparatoires. Je me lançais directement dans ce qui devait devenir le produit final, et je considérais le « processus artistique » comme une sorte de force naturelle qui soit aboutissait à une bonne œuvre, soit non, à une mauvaise. Pourquoi refaire, alors qu’on peut créer quelque chose de nouveau ? La qualité artistique pouvait être compensée par une bonne histoire et un joli cadre. Aujourd’hui, j’ai mûri, et j’ai donc établi une liste pour mon moi plus jeune sur les raisons pour lesquelles il est utile de faire de nombreux croquis. Par coïncidence, cette liste décrit également mon processus créatif actuel.

Raisons pour lesquelles il faut faire de nombreux croquis

1. Parce qu’un dessin ne se transmet pas par la pensée : il y a tout un processus neurologique, un système nerveux, des muscles, un flux sanguin et une motricité (pour n’en citer que quelques-uns) qui doivent travailler ensemble avant que le croquis ne commence à ressembler à ce qu’on imagine.
2. Parce que le résultat ne sera jamais exactement ce qu’on avait en tête. On ne peut pas savoir ce qu’on pense savoir avant de l’avoir fait.
3. Pour « apprivoiser » ce que l’on doit dessiner avec sa main. La répétition surpasse la gomme, et la pratique insuffle de la vie aux lignes.
4. Pour se concentrer tranquillement sur des éléments spécifiques sans se soucier de l’ensemble.
5. Parce qu’il n’est pas toujours évident quel format ou quel papier conviendra le mieux.
6. Pour établir une relation avec les stylos. Leur personnalité n’est pas gravée dans le marbre : ils peuvent avoir des apparences et des comportements différents lorsqu’ils interagissent avec divers matériaux et supports.
7. Parce qu’il est souvent plus agréable d’être en plein milieu de quelque chose que de terminer quelque chose.

Pour ceux qui souhaitent connaître les détails techniques : le dessin a été réalisé sur du papier Bristol de Crevide. Le motif a été esquissé très légèrement avec le crayon de couleur de Derwent, puis avec le stylo de Tombow. J’ai utilisé le crayon de couleur avec parcimonie, car la cire empêchait les autres stylos à base d’eau de se mélanger. Le dessin a été construit couche après couche, des teintes claires aux foncées, à l’exception du Chromaflow, qui a été ajouté en dernier en raison de sa forte teneur en cire. Le stylo le plus polyvalent était celui de Tombow, qui m’a permis, entre autres, de créer de la profondeur ou d’atténuer les nuances, de rendre certains stylos plus fluides ou humides, ainsi que d’obtenir des transitions plus douces.

Quelle a été la plus grande difficulté du concours ?

La plus grande difficulté s’est avérée être de tailler le crayon de couleur Chromaflow de Derwent. La pointe se cassait peu importe le taille-crayon utilisé ou la netteté de la lame. Je préfère les pointes longues, mais j’ai dû me contenter de pointes courtes, ce qui les rendait émoussées plus rapidement que souhaité. J’ai utilisé du papier de verre entre les tailles pour conserver la pointe.

Avez-vous des conseils pour sortir d'une panne créative ?

Tout dépend de la panne, de sa durée et si l’on doit impérativement en sortir. Un conseil général est de traiter votre envie de créer avec bienveillance. C’est une lumière qui, parfois, peut nécessiter un abri face au monde ou à vos propres ambitions. Mon approche est de ne rien faire contre mes pannes. Cela fonctionne parce que ni mon identité ni mon revenu ne dépendent de ma performance. Mais est-ce vraiment un conseil ? Une chose que vous pouvez essayer est de vivre des expériences sans les juger. Par exemple, regarder un film, lire un livre, savourer un repas ou scroller sans chercher à réfléchir à ce que vous en pensez. Ce n’est pas une garantie pour devenir plus créatif, mais souvent, après un certain temps, le résultat devient plus imprévisible. .

Y a-t-il des stylos que vous avez particulièrement appréciés et que vous réutiliserez ?

Je n'ai pas encore perdu espoir pour le Chromaflow de Derwent, peut-être ai-je reçu un exemplaire défectueux ? J'ai également apprécié le marker de Royal Talens. En termes de qualité, je ne l'ai pas trouvé très différent des autres markers de la même gamme de prix, et je suppose que le prix est en grande partie lié à l'accord de licence avec Pantone. Pantone est à la fois une entreprise et un système de couleurs, ce qui est pratique si vous souhaitez transférer votre dessin sur un autre support. Un autre avantage est que les couleurs Pantone peuvent être converties en NCS, ce qui facilite l'obtention du code couleur. De plus, l'encre est disponible en flacon rechargeable, ce qui permet de l'utiliser comme une peinture liquide classique.

Que comptez-vous acheter avec le prix ? Avez-vous des produits préférés à recommander ?

Ce que je désire depuis longtemps, c'est une véritable table lumineuse et quelques lampes de travail solides. Pour être honnête, je suis encore submergée par la valeur du prix. Mon obsession pour le matériel vient d'une sensibilité particulière, mais j'ai toujours tenu à prouver que le plus cher n'est pas nécessairement le meilleur. Aussi cliché que cela puisse paraître, il y a une vraie joie à trouver un bon stylo. Tout mon respect va à mon fidèle compagnon, le BIC Cristal, mais maintenant je peux essayer le Rotring. Qui sait ? Peut-être que je serai tentée de partager mes conclusions sur Instagram ?

Quelle a été votre réaction en apprenant que vous aviez gagné ?

Je n'ai gagné un concours qu'une seule fois auparavant, à l'âge de huit ans, et le prix était un service à café. Pour cette raison, gagner a longtemps été associé pour moi à une déception et à une légère honte de se sentir ingrat. Je ne m'attendais pas à gagner. Je ne peux décrire ma réaction que comme un "choc de joie", une expression que j’avais jusqu'à présent trouvée suspecte, tout comme "incroyablement heureux". Mais je comprends maintenant qu'elles sont nécessaires pour décrire l'ampleur de la surprise et du bonheur. Je n'ai pu lire que la première ligne de l'email ; ensuite, c'est mon mari qui a lu à haute voix la belle justification pendant que j'exprimais ma joie de toutes les manières possibles, mais néanmoins peu dignes. Je ne me suis ressaisie que lorsque mon adolescent est sorti de sa chambre pour déclarer, avec toute sa sagesse universelle de l'internet, que "j'avais probablement été arnaquée".