Réaliser une couverture de livre

Bonjour, Lisa ! Vous avez conçu un grand nombre de couvertures de livres. A quoi ressemble une bonne couverture d'un livre ?

Je ne crois pas qu'il soit possible de répondre à cette question ! Une couverture de livre doit être attrayante mais en même temps, elle doit nous dire quelque chose sur le contenu du livre. Une bonne couverture de livre ne signifie pas nécessairement qu'elle est jolie à regarder. Il y a bien sûr des couvertures de livres plus liées à certains genres que d'autres. Par exemple, les histoires mystérieuses et policières ont généralement une certaine apparence, et il en va de même pour les romans. Même si elles ne sont pas nécessairement les plus esthétiques, vous comprendrez instantanément de quoi il s'agit - et cela signifie que la couverture du livre est bonne.

Personnellement, j'apprécie un mélange d'illustrations et de grandes typographies, un papier non coupé, de préférence coloré mais pas trop criard. J'aime aussi quand on sent que le papier et la reliure ont été choisis avec soin. En même temps, la couverture d'un livre doit aussi fonctionner en version numérique avec, peut-être, seulement une miniature présentée. L'ensemble est important !

Vous avez créé la couverture de The Briefcase ou Strange Weather in Tokyo écrit par Hiromi Kawakami. Parlez-nous de votre processus de réflexion lors de la conception de la couverture.

Ce livre est une petite histoire d'amour tranquille et ils voulaient une couverture simple. Je voulais capturer quelque chose de fragile et de touchant, j'ai donc opté pour une composition plutôt simple et symétrique. Je voulais capturer le sentiment du Japon, sans que cela soit trop évident, et c'est pourquoi l'arbre rouge est inspiré de gravures sur bois japonaises. J'ai créé la typographie à la main sur mon ordinateur. Elle est assez anguleuse, mais ses lignes sont simples. Avec le recul, je me rends compte que c'est ainsi que je comprends le japonais, tant à l'oral qu'à l'écrit. J'ai étudié le japonais, et cette couverture de livre me tient particulièrement à cœur.

Parlez-nous du collage et de la façon dont vous travaillez avec le collage.

Un collage est une image qui est assemblée avec différents types d'objets et de matériaux. Il peut s'agir de parties de photos qui, une fois assemblées, deviennent une image totalement nouvelle. J'utilise généralement des surfaces que je trouve et que je découpe ensuite en de nouvelles formes. Celles-ci deviendront plus tard une illustration, peut-être pour une couverture de livre. Par exemple, j'ai réalisé un projet personnel de bols et de pots découpés. À l'époque, je parcourais les magazines pour trouver ce qui ferait un joli "émaillage". "Une fois que j'en ai trouvé un, J'ai simplement découpé un petit pot ou un bol dedans. Il peut s'agir d'une petite partie de la photographie d'un canapé ou d'un mur - si vous savez ce que vous cherchez, vous pouvez le trouver à peu près partout.

Lorsqu'il s'agit de la composition des images, comment doit-on penser ?

J'essaie toujours de créer une sorte d'équilibre et d'harmonie. Il est difficile de trouver des astuces pour que tout soit parfait, car tout dépend souvent de l'intuition. Il peut être utile d'imprimer ce que vous faites sur l'ordinateur, de l'accrocher au mur et de prendre du recul. C'est souvent un bon moyen de se faire une idée de la mise en page et de voir si elle est bancale ou trop lourde.

Ce qui est si amusant dans la conception de couvertures de livres, c'est que vous devez toujours avoir à l'esprit à la fois l’illustration et la typographie. Vous devez veiller à ce que tout soit équilibré. Si tout le texte est à droite, vous pouvez l'équilibrer en plaçant le "centre de gravité" de l'illustration ou de l'image à gauche.

Si vous avez du mal à trouver cette intuition, vous pouvez toujours vous appuyer sur le système de grille classique, comme dans la "règle des tiers". Divisez l'espace en trois parties, en hauteur et en largeur, et placez l'objet principal là où deux lignes se rejoignent.

Comment travaillez-vous avec le texte et la composition sur une couverture de livre ?

J'aime beaucoup la typographie manuscrite sur les couvertures de livres. Je pense que cela lui donne une expression plus vivante et moins rigide. En outre, elle est très indulgente quant à la composition, car vous pouvez contrôler la taille des lettres, à la fois les unes par rapport aux autres et la façon dont elles sont placées, sans perdre le sentiment qu'elles sont réellement liées les unes aux autres. La typographie devient en quelque sorte une image en soi ! C'est particulièrement agréable si vous êtes sur le point de concevoir une série de couvertures de livres qui sont censées être reliées entre elles mais dont les titres ont des longueurs très différentes. Je pense qu'il est plus facile de résoudre ce problème en écrivant simplement à la main et en faisant du texte une partie de l'illustration, plutôt que d'utiliser une police de caractères de l'ordinateur.

Où trouvez-vous votre inspiration ?

Je passe beaucoup de temps sur Pinterest, où je sauvegarde toutes sortes de créations graphiques, puis je retourne regarder mes fichiers. C'est tellement amusant de regarder le travail d'autres concepteurs de livres et de se promener dans les librairies pour vérifier les différents designs. Je m'inspire de la façon dont ils ont trouvé des solutions pour la typographie et des matériaux qu'ils ont utilisés. Vous collectez en quelque sorte des idées et, chaque fois que vous en avez besoin, vous pouvez puiser dans votre propre cerveau et en assembler quelques-unes lorsque le bon projet se présente.

Je m'inspire également de l'art de Paul Gaugain, Henri Matisse et Tove Jansson. Les combinaisons de couleurs sont aussi généralement à la base du processus de création. Vous voyez une jolie gamme de couleurs et vous commencez à l'expérimenter. Et puis, bien sûr, le livre lui-même ! L'histoire et les personnages. Ce que j'apprécie dans la conception de livres, c'est que l'on a toujours un texte sur lequel s'appuyer. On ne crée jamais quelque chose à partir de rien.

Comment passez-vous du collage à l'image finale à imprimer sur une couverture de livre ?

Je découpe des parties de papier de couleur, de magazines ou de tout ce que j'ai à la maison. Je le fais physiquement, avec des ciseaux, ou numériquement avec l'outil Marquee de Photoshop. Si je le fais à la main, je scanne mes trouvailles - mais toujours pièce par pièce ! Plus tard, j'assemble le tout sur l'ordinateur. Je ne veux pas être limité par le fait que j'ai collé des choses ensemble que je ne pourrai pas démonter plus tard. Sur mon ordinateur, je suis libre de modifier et de déplacer les choses, de changer la taille des différents composants, etc. Parfois, je termine mon image dans Photoshop et je l'enregistre avec un fond transparent. Je réalise toujours la couverture du livre à l'aide d'Indesign.

C'est là que l'image et la typographie se rencontrent et sont placées dans leurs espaces spécifiques. Lorsque j'écris la typographie à la main, je le fais toujours en noir, de préférence avec un pinceau et de l'encre de Chine, ou un merveilleux feutre. Ensuite, je la scanne et je change le format du fichier en bitmap. Ainsi, je ne risque pas de perdre la sensation d'écriture manuscrite. Plus tard, je peux modifier la couleur du texte dans Indesign. Il n'arrive presque jamais que j'aie une idée fixe d'une image finie ou de la façon dont quelque chose est "censé" être. J'aime essayer des choses différentes. Je me suis fait à l'idée que tout finit par s'arranger, pour autant que l'on continue à travailler. Vous continuez à changer les couleurs et à déplacer les objets jusqu'à ce que tout prenne un sens. Parfois, le problème est résolu en une nuit, dans mon sommeil. Je pense que c'est la clé de la conception d'un livre, de laisser les choses se faire pendant un certain temps, puis de les regarder avec un regard neuf. Tout à coup, quelque chose qui semblait incomplet hier semble parfait aujourd'hui.

Pour découvrir d'autres couvertures de livres et illustrations de Lisa, rendez-vous sur lisabenk.se.